mardi 4 septembre 2018

PERSONNAGES




PERSONNAGES ---- (5 ou 6 femmes- 3 hommes) [Tranche d’âges pour les comédiens]



Honorine Leroux : retraitée [50-70 ans], veuve faisant des parties de scrabble avec Nestor et Yvette. Esprit alerte, un peu maternelle et d'une gentillesse toujours égale...sauf quand on l'empêche de s'amuser un peu.

Yvette Beloeil : retraitée [50-70 ans], veuve, atteint d'un mutisme partiel, elle fume sans complexe dans l'établissement, faisant fi des règles et paraît souvent ailleurs.Ce qui ne l'empêche pas d'aligner des scrabbles au grand dam de Nestor et d'envoyer des pics sarcastiques. Double rôle possible, explication plus bas.

Nestor Nion : retraité [50-70 ans] veuf, sans doute l'initiateur de "la nuit citrouille" du trio. Il a réussi à se procurer l'hormone de jouvence, la DHEA, pour que le groupe reste en forme et réussisse leur farce annuelle. Son apparent optimisme cache un malaise lié à la vieillesse et la peur de mourir.

Charlotte Lacaille : Aide-soignante remplaçante [20-30 ans], en intérim après avoir raté de peu son examen d'infirmière. Au départ réfractaire à l'environnement de la maison de retraite, elle va être rapidement, au cours de cette nuit, une des personnes sur laquelle on peut compter.

Marie-Chantal Berthoud : Aide soignante titulaire [40-50 ans] , travaille depuis des années à la résidence des cheveux blancs. Elle connait bien son métier et ses résidents. Brave femme moins instruite que Charlotte mais tout aussi efficace dans les moments de stress.

Mr Hubert Ledoyen : le directeur [30-40 ans], on apprend assez rapidement qu'il détourne de l'argent de la "résidence des cheveux blancs" avec l'aide de son comptable. Mais une surprise de taille va le piéger durant cette nuit.

Anne Sophie Devilliers : la secrétaire [30-40 ans], efficace et avec un franc-parler qui flirte avec l'insolence. Elle sait pas mal de choses sur le fonctionnement de la maison de retraite. Notamment qui couche avec qui.

Quentin Martin : Le jeune drogué [20-30 ans], il débarque sans que personne ne s'y attende, avec une arme, avec l'intention de piller la pharmacie.
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Pour le rôle de la retraitée Yvette Beloeil, deux comédiennes sont possibles. Lorsqu'elle est habillée en momie, elle le reste jusqu'à la fin. Le rôle devient à ce moment plus physique dans ses jeux de scène et elle peut être incarnée par une comédienne plus jeune.

Le rôle du jeune drogué peut aussi être interprété par une femme, quelques ajustements de textes seront à la charge des troupes dont le choix du prénom.

EXTRAITS




ACTE 1 Scène 3
(Marie-Chantal, Charlotte)

Charlotte : Hiiiiiiiiii !

Une des aides soignantes sort de l’ascenseur et après avoir poussé un cri de défoulement.

Marie-Chantal : (Sortant à son tour de l’ascenseur en riant et lui tapotant gentiment dans le dos) Allons, du calme Charlotte. Ce n’est rien, juste les premières heures.
Charlotte : Ils vont me rendre chèvre !
Marie-Chantal : Ils sont juste un peu pénibles à coucher mais ça va se calmer maintenant.

Elle va rallumer les lumières.

Charlotte : On nous avait pourtant préparés à ça à l’école. « Je veux faire pipi »…elle pisse trois gouttes et retourne à son lit. A peine couchée : « Vous pouvez laisser la lumière de la salle de bains »….Une autre : « J’ai trop chaud, ouvrez la fenêtre »….  « Finalement il fait froid…refermez-la mais pas trop »….Un autre résident : « J’aimerais bien une petite gâterie avant de me coucher »….Moi : « Ça ne va pas, non ? »…Lui : « Les autres le font bien »….C’est une blague, j’espère ?
Marie-Chantal : Ah ! C’est Monsieur Delaroche ! Hi, hi ! Oui, bien sûr, dans ses rêves les autres le font…enfin, je crois…ou alors je ne suis pas au courant…
Charlotte : Ah oui mais moi…moi je fais juste un remplacement… Je ne sais pas si je vais tenir le coup, moi.
Marie-Chantal : Allons. Rassures-toi. Ils sont juste un peu anxieux avant d’aller se coucher. Certains ont même la frousse de ne jamais se réveiller, c’est dire. Allez, calme-toi, regardes les poissons.

Elle l’emmène devant l’aquarium.

Charlotte : Tu me prends pour une débile ou quoi ?
Marie-Chantal : Non, non…c’est thérapeutique. L’infirmière en chef a fait mettre des aquariums un peu partout. Elle a lu quelque part que ça apaise les résidents.
Charlotte : Ah ouais ? Et bien, elle ferait mieux d’en mettre dans les quatre-vingt chambres de cette résidence.

Marie-Chantal rit puis hausse les épaules avant d’aller vers la porte du réfectoire.

Marie-Chantal : Tu exagères, certains sont autonomes et très faciles.
Charlotte : Où tu vas ?
Marie-Chantal : Nous préparer un petit café et un petit encas avant d’attaquer la deuxième moitié de la nuit. On l’a bien mérité. (Lui désignant l’aquarium) Toi, poissons !

Charlotte se met face à l’aquarium et donc dos au public, tandis que Marie-Chantal disparaît.

Charlotte : (Pour elle-même) Je sens que je ne vais pas rester longtemps ici, moi. (Elle jette un œil vers la porte du réfectoire, soupire et sort un paquet de cigarettes) Et merde pour le règlement !

Elle l’allume et fume de façon agacée. Son portable émet un bip.

Marie-Chantal : (Depuis le réfectoire) Café ou thé ?
Charlotte : Café, s’il te plaît. (Regardant son portable qui vient de biper) Tiens ? Lucie. «Comment ça se passe ? » (Elle tapote sur son portable en venant s’asseoir sur le canapé) « Un enfer… faudrait pas vieillir…Et toi ? »
Marie-Chantal : (Voix depuis le réfectoire) Glace ou salade de fruit ?
Charlotte : Hein ?
Marie-Chantal : (répétant) Glace ou salade de fruit ?
Charlotte : Glace, je veux bien…mais on a le droit de bouffer des trucs de la réserve ? (Nouveau bip sur son portable, elle lit) « Pas mieux ».

Marie-Chantal revient bientôt avec un chariot roulant, contenant cafetière et coupe de glaces. Elle voit la cigarette de Charlotte.

Marie-Chantal : C’est interdit de fumer aussi mais toutes les filles qui passent de nuit se servent dans la réserve. On a un accord avec le cuisinier.
Charlotte : Quel accord ?
Marie-Chantal : Il ferme les yeux sur ce qu’on prend et on ferme les yeux sur sa relation extraconjugale avec une ASH.
Charlotte : Ah ok…pratique ça. (Elle lui tend son paquet) Tu en veux une ?
Marie-Chantal : Non merci je ne fume pas. Qui c’est à l’autre bout de ta messagerie ?
Charlotte : Lucie. Une copine qui a fait l’école d’infirmière avec moi. Elle a commencé son métier dans un hôpital mais dans un autre département. Nous sommes restés en contact et me demandait comment ça se passait. Apparemment, chez elle aussi ce n’est pas la joie.
Marie-Chantal : Tu verras, c’est une question d’habitude. Alors café tu m’as dit ? Du sucre ?
Charlotte : Oui, je veux bien. Et la glace, c’est quoi ?
Marie-Chantal : Poire-Belle Hélène. Et ton concours d’infirmière, tu l’as raté de beaucoup ?

Elle la sert. Charlotte pose sa cigarette sur le rebord de la table après avoir vaguement cherché un cendrier inexistant.

Charlotte : Non. Et je vais retenter l’examen l’an prochain. Mais là, il fallait que je travaille. Mon banquier commençait à faire la tronche donc j’ai accepté ce remplacement en intérim. C’est en dessous de mes compétences mais j’ai l’impression d’être bonne à rien.
Marie-Chantal : Mais non. C’est juste le premier soir. Allez savoures. (Plaisantant) Je te bichonne, tu seras peut-être ma chef l’an prochain.
Charlotte : Qui est-ce que je remplace au fait ?
Marie-Chantal : Ah…ça…vaut mieux pas la connaître…je préfère être avec toi-même si tu es nouvelle. Elle a un arrêt d’au moins trois mois…
Charlotte : Lumbago ?
Marie-Chantal : Poil dans la main…

En buvant son café, Charlotte jette un coup d’œil au plateau de scrabble.

Charlotte : Dis-donc, il y en a qui sont balèzes chez vous, deux scrabbles dans la même partie….
Marie-Chantal : Ah oui, ça doit être Nestor et ses copines. Ils sont veufs tous les trois. Ils aiment bien jouer ici…ils sont très joueurs d’ailleurs…
Charlotte : Je croyais qu’il y avait une salle pour les loisirs ?
Marie-Chantal : Oui. Mais je pense que la télé les empêche de se concentrer. Et ils adorent la vue ici.

Elles fixent devant elles, face public.

Charlotte : On voit que dalle. Il fait noir.
Marie-Chantal : Il y a un lac juste en face. Mais c’est couvert, on dirait qu’un orage se prépare.
Charlotte : Oui…Ils ont annoncé de la pluie cette nuit.
Marie-Chantal : (Secouant la tête) C’est embêtant. Certains résidents vont être nerveux.
Charlotte : Ils ont peur de l’orage ?
Marie-Chantal : Oui. En quelque sorte.
Charlotte : Comment ça en quelque sorte ?
Marie-Chantal : En fait, il y a quelques années les plus anciens ont connu un événement tragique. Et c’était une nuit d’orage.

Charlotte la regarde sans rien dire dans le fond des yeux puis pointe son doigt vers elle.

Charlotte : Toi, tu essayes de me foutre les jetons…
Marie-Chantal : Non pas du tout.
Charlotte : Si, si. C’est le 31 octobre. Le soir d’Halloween. On nous avait prévenus à notre formation qu’on allait essayer d’avoir les petites nouvelles avec des histoires qui foutent les jetons.
Marie-Chantal : Non, je t’assure.
Charlotte : En plus, ici, ça s’appelle  «la résidence des cheveux blancs », autant dire que c’est du pain béni pour les anciennes comme toi.
Marie-Chantal : Ah mais non. Il y a vraiment eu un truc horrible, il y a quelques années.
Charlotte : Je l’entends d’ici ton histoire, une jeune stagiaire est descendue seule à la chaufferie et on l’a retrouvé au petit matin baignant dans le lac, égorgée par un inconnu.




ACTE 2 Scène 2
(Honorine, Yvette, Nestor, Mr Ledoyen)

Un éclair illumine le ciel, on entend un coup de tonnerre et la pluie sur le toit.
L’ascenseur s’est remis en marche, montant à l’étage. Il redescend au bout d’un moment.
Nestor en sort, déguisé en créature de Frankenstein, visage et mains peints en vert, avec de fausses cicatrices, suivi d’Honorine, déguisée en sorcière du Magicien d’Oz et Yvette, couverte de bandelettes telle la momie[1].

Ils se placent face public, derrière le canapé.

NestorTremblez, pauvres mortels. En ce moment funeste, pas de cris, ni de « Ah », ni de « Ouille ». Vous aurez juste la trouille durant la nuit citrouille.

Il regarde autour de lui tandis qu’Honorine répète l’incantation.

HonorineTremblez, pauvres mortels. En ce moment funeste, pas de cris, ni de « Ah », ni de « Ouille »….
NestorMais… Où sont-elles passées?
HonorineHein ?
NestorMarie-Chantal et la petite nouvelle ? Elles devaient attendre ici.
HonorineAh oui, c’est vrai, c’est ce que nous avait dit Marie Chantal…
Nestor C’est embêtant, ça gâche notre surprise…

Ils aperçoivent soudain le directeur dans le canapé. Ils sursautent dès qu’il bouge, se réfugiant tous les deux de chaque coté de l’aquarium. Yvette reste près du canapé.

Nestor – (Murmurant) Qu’est-ce qu’il fait là lui ?
Honorine – (Même jeu) Je ne sais pas….Nestor ?
NestorQuoi ?  
HonorineIl y a un mégot dans l’aquarium.
YvetteMégot ?

Elle fouille entre ses bandelettes et en sort une cigarette avant de refouiller pour dénicher un briquet. Nestor se précipite.

NestorYvette ! Non ! Tu vas prendre feu avec toutes tes bandelettes.
YvetteLaissez-moi ! J’ai un mot du médecin.

Ils s’emmêlent les mains et les bras. Nestor arrive à lui arracher la cigarette et le briquet mais Yvette tente de les reprendre.
Mr Ledoyen s’éveille soudain. Yvette et Nestor s’immobilisent. Il les observe une seconde puis se recouche. Nestor en profite pour emmener Yvette au fond de la pièce.
Mr Ledoyen ouvre grand les yeux la seconde d’après.

Mr LedoyenC’était quoi, ça ?

Il se redresse et observe juste à l’endroit où était Nestor et Yvette.

Mr LedoyenFaut que j’arrête l’alcool…je vois des trucs bizarres.
Il va dans son bureau.

Nestor – (Murmurant en tenant Yvette) Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
Honorine – (Même jeu) Je ne sais pas…Fais le mort, le revoilà.

Le directeur revient avec un verre d’eau et un Efferalgant.  Apparemment moins saoul qu’à son arrivée. Il ne les a toujours pas remarqués au fond de la pièce.

Mr LedoyenBon j’en étais où ? (Il se replonge dans ses comptes) Le 6 juin…9 000 euros…Comment je vais justifier ça ? Qu’est-ce qui vaut 9 000 euros ?

Intrigués, Nestor et Honorine s’approchent tandis qu’Yvette tente de repêcher le mégot dans l’aquarium. Monsieur Ledoyen réfléchit face public.

Un éclair illumine la scène. Le directeur ouvre de grands yeux.

Mr LedoyenDans le reflet de la vitre…Je viens de voir Frankenstein et une sorcière dans mon dos … Et une momie qui essaye de bouffer le poisson rouge…

Nestor et Honorine s’observent. Le directeur se relève et hurle en les voyant. Il s’évanouit sur le canapé tandis qu’Yvette a récupéré le mégot trempé qu’elle essaye d’allumer tant bien que mal.

HonorineMince ! Il est mort ?
NestorJe ne crois pas. Juste une trouille bleue !
HonorineLa première de notre nuit citrouille !

Ils se tapent dans la main en riant, comme après une mission bien accomplie.

NestorMais qu’est-ce qu’il voulait dire avec ses 9 000 euros ?
HonorineJe ne sais pas (Elle se penche sur le livre de comptes) Oh, la, la la mais il y en a des sorties d’argent…Ça vient d’où tout ça ?
NestorYvette ! Tu vas te transformer en torche !

Il bataille de nouveau pour lui reprendre le briquet.
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[1] Prévoir un déguisement où la comédienne soit à l’aise pour respirer car elle va le garder jusqu’à la fin de la pièce.


Qui êtes-vous ?

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Présent dans le milieu théâtral amateur depuis 1998. Metteur en scène depuis 2008. Auteur de pièce de théâtre & Sociétaire à la SACD depuis 2010 après des premières représentations publiques au CANADA avec "Viviane et Claire". Pièces jouées par des troupes amateurs et professionnelles par la suite. Pour accéder aux blogs de présentation de chaque pièce, cliquez sur les liens correspondant aux titres.

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"Nuit Citrouille et cheveux blancs" est publié avec ma première pièce "La Poisse de Dieu, la Farce du Diable". Suite à des invendus de salons du livres, j'ai parfois des exemplaires en stock, n'hésitez pas à me contacter si vous en désirez un.

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